Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
162
LA FIN DU MONDE

Chez les Romains, Lucrèce, Cicéron, Virgile, Ovide tiennent le même langage et annoncent la destruction future de la Terre par le feu.

Nous avons vu au chapitre précédent que, dans la pensée même de Jésus, la génération à laquelle il parlait ne devait pas mourir avant que la catastrophe annoncée fût accomplie. Saint Paul, le véritable fondateur du christianisme, présente cette croyance en la résurrection et en la prochaine fin du monde comme un dogme fondamental de la nouvelle Église. Il y revient jusqu’à huit et neuf fois dans sa première épître aux Corinthiens[1].

Malheureusement pour la prophétie, les disciples de Jésus, auxquels il avait assuré qu’ils ne mourraient pas avant son avènement, succombèrent les uns après les autres sous la loi commune. Saint Paul, qui n’avait pas connu personnellement Jésus, mais qui était l’apôtre le plus militant de l’Église naissante, croyait vivre lui-même jusqu’à la grande apparition[2]. Mais, naturellement, tous moururent, et la fin du monde annoncée, l’avènement définitif du Messie, n’arriva pas.

La croyance ne disparut pas pour cela. Il fallut

  1. I, 7-8 ; III, 13 ; IV, 5 ; VI, 23 ; XI, 26 ; XV tout entier, etc.
  2. Thessaloniciens, IV, 16 : «  Aussitôt que le signal aura été donné par la voix de l’archange et par le son de la trompette de Dieu, le Seigneur lui-même descendra du ciel, et ceux qui seront morts en Jésus-Christ ressusciteront d’abord. Puis nous qui sommes vivants et qui aurons été réservés jusqu’alors, nous serons emportés avec eux dans les nuées, pour aller au-devant du Seigneur au milieu de l’air, et ainsi nous serons pour jamais avec le Seigneur. Consolez-vous donc les uns les autres par ces vérités. »