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LA CROYANCE À LA FIN DU MONDE

semble pas que le moine français Gerbert, alors pape sous le nom de Sylvestre II, ni que le roi de France Robert aient réglé leur vie sur cette croyance ; mais elle n’en avait pas moins pénétré au fond des consciences timorées, et le passage suivant de l’Apocalypse était le texte de bien des sermons :

« Au bout de mille ans, Satan sortira de sa prison et séduira les peuples qui sont aux quatre angles de la terre… Le livre de la vie sera ouvert ; la mer rendra ses morts, l’abîme infernal rendra ses morts ; chacun sera jugé selon ses œuvres par Celui qui est assis sur le trône resplendissant… et il y aura un nouveau ciel et une terre nouvelle. »

Un ermite de la Thuringe, Bernard, avait précisément pris ces paroles énigmatiques de l’Apocalypse pour texte de ses prédications ; vers l’an 960 il avait publiquement annoncé la fin du monde. Ce fut un des promoteurs les plus actifs de la prophétie. Il fixa même le jour fatal à la date où l’Annonciation de la Vierge se rencontrerait avec le vendredi saint, ce qui eut lieu en 992.

Un moine de Corbie, Druthmare, annonça de nouveau la destruction du globe pour le 25 mars de l’an 1000. L’effroi fut si grand que le peuple, en bien des villes, alla s’enfermer ce jour-là dans les églises, près des reliques des saints, et y resta jusqu’à minuit, afin d’y attendre le signal du jugement dernier et de mourir au pied de la croix.

De cette époque datent un grand nombre de do-