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LA FIN DU MONDE

ment, et les prédicateurs entretenaient avec succès cette crainte mystique de toutes les âmes timorées.

Les générations ayant passé et s’étant perpétuellement renouvelées, il fallut mieux définir le concept de l’histoire universelle. Alors le terme de l’an 1000 se fixa dans l’esprit des commentateurs. Il y eut plusieurs sectes de « millénaires » croyant que Jésus-Christ régnerait sur la Terre avec ses saints pendant mille ans avant le jour du jugement. Saint Irénée, saint Papias, saint Sulpice Sévère partageaient cette croyance. Plusieurs l’exagéraient en la revêtant de couleurs sensuelles, annonçant une sorte de noce universelle des élus pendant cette ère de volupté. Saint Jérôme et saint Augustin contribuèrent beaucoup à discréditer ces théories, mais sans porter atteinte à la croyance au dogme de la résurrection. Les commentaires de l’Apocalypse continuèrent de fleurir au milieu des sombres plantes du moyen âge, et l’opinion que l’an 1000 marquerait la fin des choses et leur renouvellement se développa surtout pendant le dixième siècle.

La croyance à la fin prochaine du monde devint, sinon universelle, du moins très générale. Plusieurs chartes du temps commencent par ces mots : Termino mundi appropinquante, « la fin du monde approchant ». Malgré quelques contradicteurs, il nous paraît difficile de ne pas partager l’opinion des historiens, notamment de Michelet, Henri Martin, Guizot et Duruy, sur la généralité de cette croyance dans la chrétienté. Sans doute, il ne