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LA FIN DU MONDE

grande pitié, dit-il, de voir le peuple se retirer dans les églises, et croyait-on que le monde dût faillir. » Saint Vincent Ferrier écrivit en 1491 un traité intitulé : De la fin du monde et de la science spirituelle : il donne à l’humanité chrétienne autant d’années à vivre qu’il y a de versets dans le psautier : 2537.

Un astrologue allemand du nom de Stoffler annonça à son tour pour le 20 février 1524 un déluge universel par suite de la conjonction des planètes. La panique fut générale. Les propriétés situées dans les vallées, aux bords des fleuves, ou voisines de la mer, furent vendues à vil prix à des gens moins crédules. Un docteur de Toulouse, nommé Auriol, se fit construire une arche pour lui, sa famille et ses amis, et Bodin assure qu’il ne fut pas le seul. Il y eut peu de sceptiques. Le grand chancelier de Charles-Quint ayant consulté Pierre Martyr, celui-ci lui répondit que le mal ne serait pas aussi funeste qu’on le craignait, mais que, sans doute, ces conjonctions de planètes amèneraient de grands désordres. Le terme fatal arriva… et jamais on ne vit mois de février aussi sec ! Cela n’empêcha pas de nouveaux pronostics d’être annoncés pour l’année 1532 par l’astrologue de l’électeur de Brandebourg, Jean Carion, puis pour l’an 1584 par l’astrologue Cyprien Léowitz. Il s’agissait encore ici d’une conjonction de planètes et d’un déluge. « La frayeur populaire fut énorme, écrit un contemporain, Louis Guyon ; les églises ne pouvaient