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Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/181

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LA CROYANCE À LA FIN DU MONDE

désordre inexprimable. La tourmente passa ; mais le problème de la fin des temps n’était pas résolu pour cela, et l’attente, pour être vague et incertaine, ne disparut pas, d’autant moins que la croyance au diable et aux prodiges devait encore rester pendant bien des siècles à la base même des superstitions populaires. La scène suprême
du jugement dernier fut sculptée aux portails de toutes les cathédrales, et nul n’entrait aux sanctuaires chrétiens sans passer sous la balance de l’ange, à gauche duquel les diables et les damnés se tordaient en d’étranges et fantastiques convulsions au moment d’être précipités dans les flammes du feu éternel. Mais l’idée de la fin du monde rayonnait loin au delà des églises.

Au douzième siècle, les astrologues effrayèrent l’Europe en annonçant une conjonction de toutes les planètes, dans la constellation de la Balance. Elle eut lieu, en effet, car le 15 septembre 1186 toutes les planètes se trouvèrent réunies entre 180 degrés et 190 degrés de longitude. Mais la fin du monde n’arriva pas.

Le célèbre alchimiste Arnauld de Villeneuve l’annonça de nouveau pour l’an 1335. En 1406, sous Charles VI, une éclipse de soleil, arrivée le 16 juin, produisit une panique générale dont Juvénal des Ursins s’est fait l’historien : « C’était