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LA FIN DU MONDE

Lors des dernières éclipses totales de soleil qui ont traversé la France, celles des 12 mai 1706, 22 mai 1724 et 8 juillet 1842, et même lors des éclipses non totales, mais très fortes, des 9 octobre 1847, 28 juillet 1851, 15 mars 1858, 18 juillet 1860 et 22 décembre 1870, il y eut encore en France des impressions plus ou moins vives chez un certain nombre d’esprits timorés ; du moins nous savons de source certaine par des relations concernant chacune de ces éclipses que les annonces astronomiques de ces événements naturels ont encore été interprétées par une classe spéciale d’Européens comme pouvant être associées à des signes de malédiction divine, et qu’à l’arrivée de ces éclipses on vit dans plusieurs maisons d’éducation religieuse les élèves invités à se mettre en prière. Cette interprétation mystique tend à disparaître tout à fait chez les nations instruites, et sans doute la prochaine éclipse totale de soleil qui passera près de la France, sur l’Espagne, le 28 mai 1900, n’inspirera plus aucune crainte de ce côté-ci des Pyrénées ; mais peut-être ne pourrait-on émettre la même espérance pour ses contemplateurs espagnols.

Aujourd’hui encore, dans les pays non civilisés, ces phénomènes excitent les mêmes terreurs qu’ils causaient autrefois chez nous. C’est ce que les voyageurs ont constaté, notamment en Afrique. Lors de l’éclipse du 18 juillet 1860, on vit en Algérie les hommes et les femmes se mettre les uns à prier,