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LA FIN DU MONDE

et un silence absolu marqua cette phase de l’éclipse, tout aussi nettement que l’avait fait le pendule de notre horloge astronomique. Le phénomène, dans sa magnificence, venait de triompher de la pétulance de la jeunesse, de la légèreté que certains hommes prennent pour un signe de supériorité, de l’indifférence bruyante dont les soldats font ordinairement profession. Un calme profond régna aussi dans l’air : les oiseaux avaient cessé de chanter… Après une attente solennelle d’environ deux minutes, des transports de joie, des applaudissements frénétiques saluèrent avec le même accord, la même spontanéité, la réapparition des premiers rayons solaires. Au recueillement mélancolique produit par des sentiments indéfinissables, venait de succéder une satisfaction vive et franche dont personne ne songeait à contenir, à modérer les élans. »

Chacun sortait ému de l’un des plus grandioses spectacles de la nature et en gardait l’impérissable souvenir.

Des paysans furent effrayés de l’obscurité, surtout parce qu’ils croyaient être devenus aveugles.

Un pauvre enfant gardait son troupeau. Ignorant complètement l’événement qui se préparait, il vit avec inquiétude le soleil s’obscurcir par degrés, dans un ciel sans nuages. Lorsque la lumière disparut tout à coup, le pauvre enfant, au comble de la frayeur, se mit à pleurer et à appeler au secours ! Ses larmes coulaient encore lorsque