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LA FIN DU MONDE

maines après on trouvait dans les poissons des doigts avec leurs ongles, des morceaux de têtes avec leurs chevelures. Ceux qui furent sauvés, ceux qui subirent la catastrophe sur un navire et purent, le lendemain, revoir la lumière du jour qui semblait à jamais éteinte, ceux-là racontent avec terreur qu’ils attendaient avec résignation la fin du monde, convaincus d’un cataclysme universel et de l’effondrement de la création. Un témoin oculaire nous assurait que, pour tous les biens imaginables, il ne consentirait jamais à repasser par de telles émotions. Le Soleil était éteint ; le deuil tombait sur la nature et la mort universelle allait régner en souveraine.

Cette éruption fantastique a d’ailleurs été d’une telle violence qu’on l’a entendue à son antipode à travers la Terre entière ; que le jet volcanique a atteint vingt mille mètres de hauteur ; que l’ondulation atmosphérique produite par ce jet s’est étendue sur toute la surface du globe dont elle a fait le tour en trente-cinq heures (à Paris même, les baromètres ont baissé de quatre millimètres), et que pendant plus d’un an les fines poussières lancées dans les hauteurs de l’atmosphère par la force de l’explosion ont produit, éclairées par le soleil, les magnifiques illuminations crépusculaires que tout le monde a admirées.

Ce sont là des cataclysmes formidables, des fins de monde partielles. Certains tremblements de terre méritent d’être comparés à ces terribles