Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/203

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
197
LA CROYANCE À LA FIN DU MONDE

éruptions volcaniques par la tragique grandeur de leurs conséquences. Lors du tremblement de terre de Lisbonne, le 1er novembre 1755, trente mille personnes périrent ; la secousse s’étendit sur une surface égale à quatre fois la superficie de l’Europe. Lors de la destruction de Lima, le 28 octobre 1724, la mer s’éleva à 27 mètres au-dessus de son niveau, se précipita sur la ville et l’enleva si radicalement qu’il n’en resta plus une seule maison. On trouva des vaisseaux couchés dans les champs, à plusieurs kilomètres du rivage. Le 10 décembre 1869, les habitants de la ville d’Onlah, en Asie Mineure, effrayés par des bruits souterrains et par une première secousse très violente, s’étaient sauvés sur une colline voisine : ils virent de leurs yeux stupéfaits plusieurs crevasses s’ouvrir à travers la ville, et la ville entière disparaître en quelques minutes sous ce sol mouvant ! Nous tenons de témoins directs qu’en des circonstances beaucoup moins dramatiques, par exemple au tremblement de terre de Nice, du 23 février 1887, l’idée de la fin du monde est la première qui frappa l’esprit de ces personnes.

L’histoire du globe terrestre pourrait nous offrir un nombre remarquable de drames du même ordre, de cataclysmes partiels et de menaces de destruction finale. C’était ici le lieu de nous arrêter un instant à ces grands phénomènes comme aux souvenirs de cette croyance à la fin du monde,