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LA FIN DU MONDE

parce qu’il était au-dessous de l’horizon, mais qui aurait certainement rivalisé d’éclat avec le Soleil.

Ce lumineux foyer se leva à l’Orient presque en même temps que la pleine lune, qui parut monter avec lui dans le ciel comme une hostie sépulcrale sur un autel funèbre, dominant le deuil immense de la nature.

À mesure qu’elle s’élevait, la lune pâlissait ; mais le foyer cométaire grandissait en éclat avec l’abaissement du Soleil au-dessous de l’horizon occidental, et maintenant, à l’heure de la nuit, il régnait sur le monde, nébuleux soleil, rouge écarlate, avec des jets de flammes jaunes et verts qui semblaient lui ouvrir une immense envergure d’ailes. Tous les regards terrifiés voyaient en lui un géant démesuré prenant possession en souverain du Ciel et de la Terre.

Déjà l’avant-garde de la chevelure cométaire avait pénétré dans l’intérieur de l’orbite lunaire ; d’un instant à l’autre, elle allait toucher les frontières raréfiées de l’atmosphère terrestre, vers 200 kilomètres de hauteur.

C’est à ce moment que tous les yeux devinrent hagards et effroyablement affolés en voyant s’allumer autour de l’horizon comme un vaste incendie élevant dans le ciel de petites flammes violacées. Presque immédiatement après, la comète diminua d’éclat, sans doute parce que, sur le point de toucher la Terre, elle avait pénétré dans l’ombre