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LE CHOC

tempête devint à ce moment si épouvantable, si étrange, si féroce, que l’Humanité se trouva cataleptisée, muette de terreur, annihilée, puis, finalement, aussi tranquille qu’une feuille morte que le vent va emporter. C’était bien, cette fois, la fin de tout. Chacun se résigna, sans chercher un seul instant aucun secours, à être enseveli sous les ruines de l’universel incendie. Une suprême étreinte embrassa les corps de ceux qui ne s’étaient pas quittés et qui n’aspiraient plus qu’à la consolation de mourir ensemble.

Mais le gros de l’armée céleste avait passé, et une sorte de raréfaction, de vide s’était produite dans l’atmosphère, peut-être à la suite d’explosions météoriques, car tout d’un coup les vitres des maisons éclatèrent, projetées au dehors, et les portes s’ouvrirent d’elles-mêmes. Une tempête formidable souffla, accélérant l’incendie et ranimant les humains qui, du même coup aussi, revinrent à la vie et sortirent du cauchemar. Puis ce fut une pluie diluvienne.

… « Demandez le XXVe Siècle ! L’écrasement du pape et de tous les évêques. La chute de la comète à Rome. Demandez le journal ! »

Il y avait à peine une demi-heure que la tourmente céleste était passée, on commençait à remonter des caves et à se sentir revivre, on sortait insensiblement du rêve et l’on ne se rendait pas exactement compte encore des feux qui se développaient