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LA FIN DU MONDE

malgré la pluie diluvienne, que déjà la voix glapissante des jeunes crieurs remplissait Paris, Lyon, Marseille, Bruxelles, Londres, Vienne, Turin, Madrid, toutes les villes à peine réveillées ; c’était partout la même annonce, les mêmes cris, et, avant de songer à conjurer les incendies, tout le monde achetait le grand journal populaire à un centime, l’immense feuille de seize pages illustrées, fraîchement sortie des presses.

… « Demandez l’écrasement du pape et des cardinaux. Le Sacré Collège tué par la comète. Impossibilité de nommer un nouveau pape. Demandez le journal ! »

Et les crieurs se succédaient, et chacun désirait savoir ce qu’il y avait de vrai dans cette annonce, et chacun achetait le grand journal socialiste populaire.

Voici ce qui s’était passé.

L’Israélite américain avec lequel nous avons déjà fait connaissance, et qui avait trouvé moyen, le mardi précédent, de réaliser plusieurs milliards par la réouverture de la Bourse de Paris et de Chicago, n’avait pas désespéré de la suite des affaires, et de même qu’autrefois les monastères avaient accepté les testaments écrits en vue de la fin du monde, de même notre infatigable spéculateur avait jugé opportun de se tenir à son téléphone, descendu pour la circonstance en une vaste galerie souterraine hermétiquement fermée. Propriétaire de fils spéciaux reliant Paris aux principales villes