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LA FIN DU MONDE

de concrétions uranolithiques dont quelques-unes mesuraient plusieurs kilomètres de diamètre. L’une de ces masses avait atteint la Terre, non loin de Rome, et les phonogrammes du correspondant romain annonçaient ce qui suit :

Tous les cardinaux, tous les prélats du concile étaient réunis à la fête solennelle donnée sous le dôme de Saint-Pierre pour la célébration du dogme de la divinité pontificale. On avait, fixé à l’heure sacrée de minuit la cérémonie de l’adoration. Au milieu des illuminations splendides du premier temple de la chrétienté, sous les invocations pieuses élevées dans les airs par les chants des confréries, les autels fumant des parfums de l’encens et les orgues roulant leurs sombres frémissements jusqu’aux profondeurs de l’immense église, le pape assis sur son trône d’or voyait prosterné à ses pieds son peuple de fidèles représentant la chrétienté tout entière des cinq parties du monde, et se levait pour donner à tous sa bénédiction suprême, lorsque, tombant du haut des cieux, un bloc de fer massif d’une grosseur égale à la moitié de la ville de Rome avait, avec la rapidité de l’éclair, écrasé le pape, l’église, et précipité le tout dans un abîme d’une profondeur inconnue, véritable chute au fond des enfers ! Toute l’Italie avait tremblé, et le roulement d’un effroyable tonnerre avait été entendu jusqu’à Marseille.

On avait vu le bolide de toutes les villes d’Italie, au milieu de l’immense pluie d’étoiles et de l’em-