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LA FIN DU MONDE

race humaine. La Terre avait continué de tourner ; le Soleil avait continué de briller ; les petits enfants étaient devenus des vieillards et avaient été incessamment remplacés dans le flux perpétuel des générations ; les siècles, les périodes séculaires s’étaient succédé ; le Progrès, loi suprême, avait conquis le monde malgré les freins, les obstacles, les enrayements que les hommes ne cessent d’opposer à sa marche ; et l’humanité avait lentement grandi dans la science et dans le bonheur, à travers mille fluctuations transitoires, pour arriver à son apogée et parcourir la voie des terrestres destinées.

Mais par quelles séries de transformations physiques et mentales !

La population de l’Europe s’était élevée, de l’an 1900 à l’an 3000, de trois cent soixante-quinze à sept cents millions ; celle de l’Asie, de huit cent soixante-quinze millions à un milliard ; celle des Amériques, de cent vingt millions à un milliard et demi ; celle de l’Afrique, de soixante-quinze à deux cents millions ; celle de l’Australie, de cinq à soixante millions ; ce qui donne pour le mouvement de la population totale du globe un accroissement de quatorze cent cinquante millions à trois milliards quatre cents millions. La progression avait continué, avec des fluctuations.

Les langues s’étaient métamorphosées. Les progrès incessants des sciences et de l’industrie avaient créé un grand nombre de mots nouveaux,