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LES ÉTAPES DE L’AVENIR

construits généralement sur les anciennes étymologies grecques. En même temps, la langue anglaise s’était répandue sur toute la surface du globe. Du vingt-cinquième au trentième siècle, la langue parlée en Europe était dérivée d’un mélange d’anglais, de français et de termes étymologiquement grecs, auxquels s’étaient ajoutées quelques expressions tirées de l’allemand et de l’italien. Aucun essai de langue universelle artificiellement créée n’avait réussi.

Dès avant le vingt-cinquième siècle, déjà, la guerre avait disparu de la logique humaine, et l’on ne comprenait plus qu’une race qui se croyait intelligente et raisonnable eût pu s’imposer pendant si longtemps de plein gré un joug brutal et stupide qui la ravalait de beaucoup au-dessous de la bête. Quelques épisodes historiques popularisés par la peinture montraient dans toute son horreur l’ancienne barbarie. Ici, c’était Rhamsès III, en Égypte, voyant vider devant son char les paniers de mains coupées aux vaincus pour en opérer plus facilement le dénombrement, par centaines et par milliers ; là c’était Teglatpal-Asar, dans les plaines de la Chaldée, faisant écorcher vifs les prisonniers sous les feux cuisants du soleil, ou Assurbanipal, en Assyrie, faisant arracher la langue aux Babyloniens et empaler les Susiens ; plus loin on voyait, devant les murs de Carthage, les otages crucifiés sur l’ordre d’Amilcar ; ailleurs, César faisant rogner