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Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/24

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LA FIN DU MONDE

Cependant le Directeur de l’Observatoire de Paris, soucieux des intérêts de la science, s’était ému d’un pareil tapage, dans lequel la vérité astronomique avait été plus d’une fois étrangement travestie. C’était un vieillard vénérable, qui avait blanchi dans l’étude des grands problèmes de la constitution de l’univers. Sa voix était écoutée de tous, et il s’était décidé à transmettre aux journaux un avis déclarant que toutes les conjectures étaient prématurées jusqu’à ce qu’on eût entendu les discussions techniques autorisées qui devaient avoir lieu à l’Institut.

Nous avons dit, je crois, que l’Observatoire de Paris, toujours à la tête du mouvement scientifique par les travaux de ses membres, était devenu surtout, par la transformation des méthodes d’observation, un sanctuaire d’études théoriques, d’une part, et, d’autre part, un bureau central téléphonique des observatoires établis loin des grandes villes, sur les hauteurs favorisées d’une parfaite transparence atmosphérique. C’était un asile de paix où régnait la concorde la plus pure. Les astronomes consacraient avec désintéressement leur vie entière aux seuls progrès de la science, s’aimaient les uns les autres sans jamais éprouver les aiguillons de l’envie, et chacun oubliait ses propres mérites pour ne songer qu’à mettre en évidence ceux de ses collègues. Le Directeur donnait l’exemple, et, lorsqu’il parlait, c’était au nom de tous.