Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/249

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
243
LES ÉTAPES DE L’AVENIR

habitations ; les rues des cités, les chemins des campagnes ; les animaux, chevaux, bœufs, chiens, chats, poules, lapins, oiseaux en cage ; les plantes, les fleurs ; les instruments de musique, pianos, orgues, violons, cithares, flûtes, cors de chasse ; les métiers, les états, les célibataires, les gens mariés, les enfants, les nourrices, les meubles, tout, absolument tout ; et les impôts s’étaient accrus jusqu’au jour où leur chiffre avait égalé le produit net de l’activité des travailleurs, exception faite du strict « pain quotidien ». Alors, tout travail avait cessé. Il semblait désormais impossible de vivre. C’est ce qui avait amené la grande révolution sociale des anarchistes internationaux dont il a été parlé au début de ce livre, et celles qui l’avaient suivie.

Tous les États avaient fait faillite les uns après les autres[1].

Mais ces révolutions n’avaient pas réussi à affranchir définitivement l’Europe de la barbarie ancienne ; les préjugés patriotiques recommençaient déjà l’endettement universel, et c’est à la

  1. Dès l’année 1893, les divers États de l’Europe étaient déjà endettés de cent vingt et un milliards, qui se partageaient comme il suit. Dette publique : France, 32 milliards ; Russie, 20 milliards ; Angleterre, 18 milliards ; Italie, 11 milliards ; Autriche-Hongrie, 10 milliards ; Allemagne, 9 milliards ; les quinze autres États, 21 milliards. Tout citoyen en naissant était grevé dans la proportion suivante : Français, 987 francs ; Anglais, 505 francs ; Italien, 375 francs ; Autrichien, 275 francs ; Russe, 220 francs ; Allemand, 200 francs. Les habitants des États-Unis n’étaient, au contraire, grevés que d’une dette de 18 dollars ou 90 francs. L’imposition par tête s’élevait aux chiffres suivants : France, 104 francs ; Angleterre, 57 francs ; États-Unis, 50 francs ; Belgique, 46 francs ; Allemagne, 44 francs ; Autriche,