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LA FIN DU MONDE

ligue des jeunes filles que l’humanité dut cette délivrance.

On vit alors une chose inouïe, incroyable, inadmissible, sans précédent dans l’histoire : la diminution des impôts ! Allégé des neuf dixièmes, le budget ne servit plus qu’à l’entretien de l’ordre intérieur, à la sécurité des citoyens, aux écoles de tout genre, à l’encouragement des recherches nouvelles, au progrès toujours grandissant des sciences, des arts, de l’industrie et de toutes les manifestations de l’activité intellectuelle ; mais l’initiative individuelle avait pris le dessus sur l’ancienne centralisation officielle qui pendant tant

    40 francs ; Russie, 36 francs ; Espagne, 33 francs. L’accroissement de la dette publique, en France seulement, a été :

      
    1869
    13 414 972 937 fr.
    1880
    25 925 189 094 fr.
    1871
    19 297 205 447 —
    1885
    29 216 648 501 —
    1873
    23 274 496 972 —
    1890
    31 090 251 051 —
    1875
    24 579 854 314 —
    1891
    31 660 747 872 —

    La France fait à elle seule, actuellement, 600 millions de nouvelles dettes chaque année. Il est vrai que des habitudes très distinguées sont spécialement vouées à l’entretien du budget : le tabac seul donne un million par jour à l’État. L’organisation sociale du monde est vraiment une chose merveilleuse !

    Les dépenses exclusivement militaires suivent pour l’Europe la progression suivante :

      
    1865
    2 715 millions
    1880
    3 981 millions
    1870
    2 748 millions
    1893
    4 758 millions

    L’Europe a actuellement une armée de 3 300 000 hommes. Chacun de ces militaires coûte en moyenne 1 442 francs. Chacun d’eux pourrait produire un travail utile valant, au minimum, 1 000 francs par an. La barbarie européenne actuelle représente donc une perte brute d’environ 8 milliards par an, soit 22 millions par jour !… Il faudrait encore ajouter à ce chiffre le capital immobilisé et improductif du matériel de guerre, d’environ 30 milliards.

    (Note de l’auteur, 1893.)