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LES ÉTAPES DE L’AVENIR

de siècles avait, tout en gaspillant les finances publiques[1], étouffé les plus ardentes tentatives, et la bureaucratie était morte de sa belle mort.

La sottise du duel avait disparu peu après celle de la guerre. On cessa de concevoir que des divergences quelconques eussent pu être considérées comme rationnellement résolues par un coup de pistolet ou d’épée, de même que l’on n’admirait plus du tout la galanterie des officiers français de la bataille de Fontenoy, invitant, le chapeau à la main, « messieurs les Anglais à tirer les premiers ». Tout cela parut, même aux yeux des enfants, d’une grande vétusté et d’une excessive stupidité.

Malgré les inconséquences, le scepticisme vain, la nullité scientifique, l’incompétence habituelle et même les prévarications de certains politiciens, la forme républicaine avait prévalu sur tous les autres types de gouvernement, mais non la domination démocratique. On avait reconnu qu’il n’y a pas d’égalité intellectuelle et morale entre les hommes et qu’il vaut mieux confier le gouvernement à un Conseil d’esprits éminents qu’à une foule d’ambitieux dont le principal mérite avait été d’être munis de solides poumons et doués d’une intarissable

  1. Le gouvernement de la France seule coûte, par heure, aux contribuables une somme qui augmente d’année en année dans la proportion suivante :
      
    En 1810
    115 000 francs.
    En 1860
    250 000 francs.
    En 1820
    119 000 francs.
    En 1880
    395 000 francs.
    En 1840
    150 000 francs.
    En 1890
    404 000 francs.

    Le budget annuel de la France s’élève à 3 milliards 538 millions.