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LES ÉTAPES DE L’AVENIR

sucres, des albumines, des amidons, des graisses, extraits de l’air, de l’eau et des végétaux, composés des combinaisons les plus avantageuses, en proportions savamment calculées, de carbone, d’hydrogène, d’oxygène, d’azote, etc., et les repas les plus somptueux s’effectuaient non plus autour de tables où fumaient des débris d’animaux égorgés, assommés ou asphyxiés, bœufs, veaux, moutons, porcs, poulets, poissons, oiseaux, mais en d’élégants salons ornés de plantes toujours vertes, de fleurs toujours épanouies, au milieu d’une atmosphère légère que les parfums et la musique animaient de leurs harmonies. Les hommes et les femmes n’avalaient plus avec une gloutonnerie brutale des morceaux de bêtes immondes, sans même séparer l’utile de l’inutile. D’abord, les viandes avaient été distillées ; ensuite, puisque les animaux ne sont formés eux-mêmes que d’éléments puisés au règne végétal et au règne minéral, on s’en était tenu à ces éléments. C’était en boissons exquises, en fruits, en gâteaux, en pilules, que la bouche absorbait les principes nécessaires à la réparation des tissus organiques, affranchie de la nécessité grossière de mâcher des viandes. L’électricité et le Soleil, d’ailleurs, fabriquaient perpétuellement l’analyse et la synthèse de l’air et des eaux.

À partir du soixantième siècle surtout, le système nerveux s’était affiné et développé sous des aspects inattendus. Le cerveau féminin était tou-