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LA FIN DU MONDE

jours resté un peu plus étroit que le cerveau masculin et avait toujours continué de penser un peu autrement (son exquise sensibilité étant immédiatement frappée par des appréciations de sentiment, avant que le raisonnement intégral ait le temps de se former dans les cellules plus profondes) et la tête de la femme était restée plus petite, avec le front moins vaste, mais si élégamment portée sur un cou d’une gracieuse souplesse, si supérieurement détachée des épaules et des harmonies du buste, qu’elle captivait plus que jamais l’admiration de l’homme. Pour être restée comparativement plus petite que celle de l’homme, la tête de la femme avait néanmoins grandi, avec l’exercice des facultés intellectuelles ; mais c’étaient surtout les circonvolutions cérébrales qui étaient devenues plus nombreuses et plus profondes, sous les crânes féminins comme sous les crânes masculins. En résumé, la tête avait grossi. Le corps avait diminué ; on ne rencontrait plus de géants.

Quatre causes permanentes avaient contribué à modifier insensiblement la forme humaine : le développement des facultés intellectuelles et du cerveau, la diminution des travaux manuels et des exercices corporels, la transformation de l’alimentation et le choix des fiancés. La première avait eu pour effet d’accroître le crâne proportionnellement au reste du corps ; la deuxième avait amoindri la force des jambes et des bras ; la troisième avait diminué l’ampleur du ventre, apetissé, affiné, perlé les dents ;