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LA FIN DU MONDE

une cité puissante, mais nous ne savons depuis quand elle existe, et nos ancêtres, à ce sujet, étaient aussi ignorants que nous. »

« Cinq siècles plus tard, je repassai par le même lieu, et ne pus apercevoir aucun vestige de la ville. Je demandai à un paysan, occupé à cueillir des herbes sur son ancien emplacement, depuis combien de temps elle avait été détruite : « En vérité, » me dit-il, « voilà une étrange question. Ce terrain n’a jamais été autre chose que ce qu’il est à présent. » — « Mais n’y eut-il pas ici anciennement, » lui répliquai-je, « une splendide cité ? » — « Jamais, » me répondit-il, « autant du moins que nous en puissions juger par ce que nous avons vu, et nos pères mêmes ne nous ont jamais parlé d’une pareille chose. »

« À mon retour, cinq cents ans plus tard, dans ces mêmes lieux, je les trouvai occupés par la mer ; sur le rivage stationnait un groupe de pêcheurs, à qui je demandai depuis quand la terre avait été couverte par les eaux. « Est-ce là, » me dirent-ils, « une question à faire pour un homme comme vous ? Ce lieu a toujours été ce qu’il est aujourd’hui. »

« Au bout de cinq cents années, j’y retournai encore, et la mer avait disparu ; je m’informai, d’un homme que je rencontrai seul en cet endroit, depuis combien de temps le changement avait eu lieu, et il me fit la même réponse que j’avais eue précédemment.

« Enfin, après un laps de temps égal aux précé-