Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/276

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
270
LA FIN DU MONDE

Ce n’est plus par périodes de cinq siècles que l’historien des époques de la nature doit compter, comme l’Arabe du treizième siècle dont nous rappelions tout à l’heure la légende : décupler cette période suffit à peine pour modifier sensiblement les configurations terrestres, car cinq mille années ne sont qu’une ride sur l’océan des âges. C’est par dizaines de milliers d’années qu’il faut compter pour voir l’ensemble des continents descendus au fond des eaux et de nouvelles terres émergées au soleil, par suite des changements séculaires du niveau de l’écorce terrestre, dont l’épaisseur et la densité varient selon les régions, et dont le poids sur le noyau planétaire, encore plastique et mobile, fait osciller les plus vastes contrées. Une légère variation d’équilibre, un mouvement de bascule insignifiant, de moins de cent mètres, souvent, sur les 12 000 kilomètres de diamètre du globe, suffit pour transformer la face du monde.

Et, si nous envisageons l’ensemble de l’histoire de la Terre, non plus par périodes de dix, vingt ou trente mille ans, mais par périodes de cent mille ans, par exemple, nous constatons qu’en une dizaine de ces grandes époques, soit en un million d’années, la surface du globe a été maintes fois métamorphosée, surtout en certaines régions d’activité des agents intérieurs et extérieurs.

En nous avançant à un ou deux millions d’années dans l’avenir, nous assistons à un flux et à un reflux prodigieux des êtres et des choses. Combien de