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Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/277

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LES MÉTAMORPHOSES

fois, en cette durée de dix ou vingt mille siècles, combien de fois la mer n’est-elle pas venue rouler ses ondes sur les antiques cités humaines ! Combien de fois la terre ferme n’est-elle pas sortie de nouveau, vierge et régénérée, des abîmes de l’océan ! Ces variations avaient eu lieu jadis par révolutions brusques, affaissements du sol, déplacements du niveau, rupture des digues naturelles, tremblements de terre, convulsions du sol, éruptions volcaniques, soulèvements de montagnes, aux époques primitives où la planète encore chaude et liquide n’était recouverte extérieurement que d’une mince pellicule figée au-dessus d’un océan brûlant. Plus tard les transformations avaient été lentes, à mesure que cette croûte superficielle s’était épaissie et consolidée ; la contraction graduelle du globe avait amené la formation de vides au-dessous de l’enveloppe solide, la chute des diverses parties de cette enveloppe sur le noyau pâteux, et enfin des mouvements de bascule qui avaient transformé le relief du sol. Plus tard encore, des modifications insensibles avaient été amenées par les agents extérieurs : d’une part, les fleuves, charriant constamment à leurs embouchures les débris des montagnes, avaient exhaussé le fond de la mer et augmenté lentement le domaine de la terre en avançant dans l’intérieur des mers, faisant remonter de siècle en siècle les anciens ports dans la terre continentale, et, d’autre part, l’action des vagues et des tempêtes, rongeant constamment les falaises,