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LA FIN DU MONDE

couvert dans l’âme des puissances latentes qui avaient sommeillé pendant la première période des instincts grossiers, pendant plus d’un million d’années, et, à mesure que l’alimentation, de bestiale qu’elle était restée pendant si longtemps, était devenue d’ordre chimique, les facultés de l’âme s’étaient élevées, avivées, agrandies dans un magique essor. Dès lors on pensa tout autrement que l’humanité ne pense actuellement. Les âmes communiquèrent facilement entre elles à distance. Les vibrations éthérées qui résultent des mouvements cérébraux se transmettaient en vertu d’un magnétisme transcendant dont les enfants mêmes savaient se servir. Toute pensée excite dans le cerveau un mouvement vibratoire ; ce mouvement donne naissance à des ondes éthérées et, lorsque ces ondes rencontrent un cerveau en harmonie avec le premier, elles peuvent lui communiquer la pensée initiale qui leur a donné naissance, de même qu’une corde vibrante reçoit à distance l’ondulation émanée d’un son lointain et que la plaque du téléphone reconstitue la voix silencieusement transportée par un mouvement électrique. Ces facultés, longtemps latentes dans l’organisme humain, avaient été étudiées, analysées et développées. Il n’était pas rare de voir une pensée en évoquer une autre à distance et faire apparaître devant elle l’image de l’être désiré. L’être évoquait l’être. La femme continua d’exercer sur l’homme une attraction plus vive que celle de l’homme sur