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Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/294

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LA FIN DU MONDE

tuelles, la durée de la vie humaine avait été très prolongée, et il n’était pas rare de voir des vieillards de cent cinquante ans. On n’avait pu supprimer la mort, mais on avait trouvé le moyen de ne pas vieillir, et les facultés de la jeunesse se perpétuaient au delà de la centième année. La plupart des maladies avaient été vaincues par la science, depuis la phtisie jusqu’au mal de dents. Et les caractères étaient presque tous aimables — à part certaines nuances inévitables — parce qu’ils dépendent beaucoup des tempéraments et de la santé, et que les organismes étaient presque tous bien équilibrés.

L’humanité avait tendu à l’unité : une seule race, une seule langue, un seul gouvernement général, une seule religion (la philosophie astronomique), plus de systèmes religieux officiels, la seule voix des consciences éclairées, — et dans cette unité les différences anthropologiques anciennes avaient fini par se fondre. On ne rencontrait plus de têtes en pains de sucre et de fanatiques crédules, ni de têtes aplaties et de sceptiques aveugles. Les religions d’autrefois, le christianisme, l’islamisme, le bouddhisme, le mosaïsme avaient rejoint les légendes mythologiques. La Trinité chrétienne habitait le ciel païen. Les holocaustes offerts pendant tant de siècles aux dieux anthropomorphes et à leurs prophètes, à Bouddha, à Osiris, à Jéhovah, à Baal, à Jupiter, à Jésus ou à Marie, à Moïse ou à Mahomet, les cultes des temps anciens et moder-