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LA FIN DU MONDE

Toutefois chaque planète a sa sphère, et notre Terre comportait, elle aussi, un maximum qui ne pouvait être dépassé.

Pendant les dix millions d’années de l’histoire de l’humanité, l’espèce humaine, survivant à toutes les générations, comme si elle eût été un être réel, avait subi toutes ces grandes transformations, au physique et au moral. Elle était toujours restée la souveraine de la Terre et n’avait été détrônée par aucune race nouvelle, car nul être ne descend du ciel ni ne monte des enfers, nulle Minerve ne naît tout armée, nulle Vénus ne s’éveille à l’âge nubile dans une coquille de nacre au bord des flots ; tout devient, et l’espèce humaine, issue de ses ancêtres, avait été dès ses commencements le résultat naturel de l’évolution vitale de la planète. La loi du progrès l’avait autrefois fait sortir des limbes de l’animalité ; cette même loi du progrès avait continué d’agir sur elle et l’avait graduellement perfectionnée, transformée, affinée.

Mais l’époque arriva où, les conditions de la vie terrestre commençant à décroître, l’humanité devait cesser de progresser et entrer elle-même dans la voie de la décadence.

La chaleur intérieure du globe, encore considérable au dix-neuvième siècle, mais déjà sans aucune action sur la température de la surface, qui était uniquement entretenue par le Soleil, avait lentement diminué, et la Terre avait fini par être entièrement refroidie. Ce refroidissement n’avait