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LA FIN DU MONDE

par les stages planétaires et humains jusqu’à sa cime lumineuse, elle redescend ensuite pour tomber dans la nuit éternelle.

Oui, tout ce progrès, toute cette science, tout ce bonheur, toutes ces gloires devaient aboutir un jour au dernier sommeil, au silence, à l’anéantissement de l’histoire elle-même. La vie terrestre était née : elle devait finir. Le soleil de l’humanité s’était levé, autrefois, dans les espérances de l’aurore ; il était monté glorieux à son méridien ; il allait descendre pour s’évanouir dans une nuit sans lendemain.

À quoi donc toutes ces gloires, toutes ces luttes, toutes ces conquêtes, toutes ces vanités avaient-elles servi, puisque la lumière et la vie devaient s’éteindre ?

Les martyrs et les apôtres de toutes les libertés avaient versé leur sang pour arroser cette terre destinée à mourir à son tour.

Tout devait disparaître, et la Mort devait rester la dernière souveraine du monde. Avez-vous jamais pensé, en contemplant un cimetière de village, combien ce cimetière est petit, pour contenir toutes les générations qui se sont empilées là pendant des siècles et des siècles ? L’homme existait déjà avant la dernière époque glaciaire, antérieure à nous de deux mille siècles, et son antiquité semble remonter à plus de deux cent cinquante mille ans. L’histoire écrite date d’hier. On a trouvé à Paris des silex taillés et polis