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LA FIN DU MONDE

et demi de l’air que nous respirons, et que dans le demi-centième restant il y a, outre la vapeur d’eau, de l’acide carbonique, de l’ammoniaque et d’autres substances. Il n’y a guère plus d’un quart de centième de vapeur d’eau. En considérant les atomes constitutifs de l’air, le physicien constate que, sur deux cents atomes d’oxygène et d’azote, il y en a à peine un de vapeur aqueuse. Mais cet atome a quatre-vingts fois plus d’énergie absorbante que les deux cents autres.

La chaleur rayonnante du Soleil vient échauffer la surface de la Terre après avoir traversé l’atmosphère. Les ondes de chaleur qui émanent de la Terre échauffée ne vont pas se perdre dans l’espace extérieur : elles se heurtent aux atomes de vapeur d’eau comme à un plafond qui les arrête et les conserve à notre planète.

C’est là l’une des plus brillantes et des plus fécondes découvertes de la physique moderne. Les molécules d’oxygène et d’azote, d’air sec, ne s’opposent pas à la déperdition de la chaleur. Mais, comme nous venons de le dire, une molécule de vapeur d’eau a quatre-vingts fois plus d’énergie absorbante que les deux cents autres d’air sec et, par conséquent, une telle molécule a seize mille fois plus de puissance qu’une molécule d’air sec pour conserver la chaleur ! C’est donc la vapeur d’eau, et non pas l’air proprement dit, qui règle les conditions de la vie terrestre.

Si l’on enlevait à l’air qui recouvre la Terre la