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VANITAS VANITATUM

vapeur d’eau qu’il contient, il se ferait à la surface du sol une déperdition de chaleur semblable à celle qui a lieu aux altitudes supérieures : l’atmosphère aérienne n’a pas plus d’action que le vide pour conserver la chaleur. Ce serait un froid analogue à celui qui existe à la surface de la Lune. Le sol pourrait encore s’échauffer directement sous l’action du Soleil ; mais, pendant le jour même, la chaleur ne serait pas conservée, et dès le coucher de l’astre la Terre serait exposée au froid ultra-glacial de l’espace, qui paraît être de 273 degrés au-dessous de zéro.

C’est dire que la vie végétale, animale, humaine, serait impossible, si elle ne l’était déjà par l’absence même de l’eau.

Sans doute, nous pouvons, nous devons admettre que l’eau n’a pas été sur tous les mondes de l’infini comme sur le nôtre la condition essentielle de la vie. La nature n’a pas sa puissance bornée par la sphère de l’observation humaine. Il doit exister, il existe, dans les champs de l’immensité sans bornes, des myriades, des millions de soleils différents du nôtre, de systèmes de mondes où d’autres substances, d’autres combinaisons chimiques, d’autres conditions physiques et mécaniques, d’autres milieux ont produit des êtres absolument différents de nous, vivant d’une autre vie, munis d’autres sens, incomparablement plus éloignés de notre organisation que le poisson ou le mollusque des profondeurs océaniques ne le sont de l’oiseau ou du