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LA FIN DU MONDE

Remarque assez inattendue, les neiges et les glaces avaient diminué à mesure que le globe se refroidissait, parce que la cause de ce refroidissement était l’absence de vapeur d’eau dans l’atmosphère, et que cette diminution de la vapeur d’eau avait été corrélative de celle de la surface des mers. À mesure que les eaux avaient pénétré l’intérieur du globe et que, d’abord la profondeur, par suite du nivellement, ensuite la surface, avaient diminué, la serre protectrice de la vie, formée par la couche invisible de vapeur d’eau, avait graduellement perdu de sa valeur, et le jour était venu où la chaleur reçue du Soleil, n’étant plus conservée par une garantie suffisante, se perdait dans l’espace à mesure qu’elle était reçue, comme si elle était tombée sur un miroir incapable de s’échauffer.

Tel était l’état du globe terrestre. Les derniers représentants de l’espèce humaine n’avaient survécu à toutes ces transformations physiques que grâce au génie de l’industrie qui, lui aussi, avait su tout transformer. Les derniers efforts avaient tendu à continuer d’extraire les substances alimentaires de l’air, des eaux souterraines et des plantes, et à remplacer la vapeur protectrice disparue par des toits et des constructions de verre.

Comme nous l’avons vu plus haut, il avait fallu à tout prix capter les rayons solaires et leur interdire toute déperdition dans l’espace. Il était facile d’en faire une grande provision, puisque le Soleil