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OMÉGAR

brillait tout le jour sans qu’aucun nuage vînt l’éclipser, et le jour était long : cinquante-cinq heures.

Les efforts des architectes n’avaient plus eu depuis longtemps d’autre objet que d’emprisonner les rayons solaires et de les empêcher de se disperser pendant les cinquante-cinq heures de nuit. Ils y étaient parvenus par une ingénieuse combinaison d’ouverture et de fermeture de plusieurs toits de verre superposés, avec écrans mobiles. Depuis longtemps aussi on n’avait plus aucun genre de combustible à brûler, car l’hydrogène même des eaux n’était plus que très difficilement à la portée de l’industrie.

La température moyenne du jour, à l’air libre, n’était pas extrêmement basse, car elle ne descendait guère au-dessous de 15 degrés de froid[1]. Malgré leurs transformations séculaires, les espèces végétales ne pouvaient plus vivre, même dans cette zone équatoriale.

Quant aux autres latitudes, depuis des milliers d’années déjà elles étaient devenues complètement

  1. Plus d’un lecteur considérera ce climat comme très supportable, attendu que dès notre époque on peut citer sur le globe des contrées dont la température moyenne est fort inférieure à celle-là, et qui sont néanmoins habitées. Exemple Verchnoiansk, dont la température moyenne annuelle est de −19°,3. Mais, en ces contrées, il y a un été dans lequel la glace dégèle, et, s’ils ont en janvier des froids de 60 degrés et même davantage, ils ont en juillet des chaleurs de 15 et 20 degrés au-dessus de zéro. Au point où nous sommes arrivés dans l’histoire du monde, au contraire, cette température moyenne de la zone équatoriale était constante, et plus jamais les glaces ne pouvaient fondre.