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LA FIN DU MONDE

inhabitables, malgré tous les efforts réalisés pour s’y maintenir. Aux latitudes où vivent aujourd’hui Paris, Nice, Rome, Naples, Alger, Tunis, l’atmosphère ayant cessé de servir de serre protectrice, l’obliquité des rayons solaires ne pouvait plus rien échauffer et la terre restait gelée à toutes les profondeurs accessibles, comme un véritable rocher de glace.

Entre les tropiques mêmes et à l’équateur, les deux derniers groupes humains, qui subsistaient encore au prix de mille difficultés devenant d’année en année de plus en plus insurmontables, ne survivaient à l’humanité disparue qu’en végétant pour ainsi dire sur les derniers restes. En ces deux vallées océaniques, situées, l’une vers les abîmes actuels de l’Océan Pacifique, l’autre vers le sud de l’île actuelle de Ceylan, s’étaient étendues, aux siècles précédents, deux immenses villes de verre, le fer et le verre étant depuis longtemps les matériaux essentiels employés pour toutes les constructions. C’étaient comme d’immenses jardins d’hiver, sans étages, avec leurs plafonds transparents suspendus à de grandes hauteurs. Il restait encore quelques salles de ces anciens palais. Les dernières plantes cultivées étaient là, en dehors de celles que l’on récoltait dans les galeries souterraines, qui conduisaient aux rivières intérieures.

Partout ailleurs, à la surface de l’ancien monde terrestre, il n’y avait que des ruines, et là aussi on ne retrouvait plus que les derniers vestiges des grandeurs évanouies.