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Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/328

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LA FIN DU MONDE

écrite, un demi-siècle auparavant, des transformations ultimes de l’humanité. Le second s’était éteint en cherchant à entretenir dans son laboratoire les derniers tubes alimentaires, automatiquement entretenus par des machines mues par la force solaire.

Les derniers domestiques, simiens transformés depuis longtemps par l’éducation, avaient succombé depuis plusieurs années déjà. Il en était de même de la plupart des espèces animales apprivoisées pour le service de l’humanité. Les chiens, les chevaux, les rennes, les ours et certains grands oiseaux appliqués aux transports aériens survivaient encore, mais si singulièrement transformés qu’ils ne ressemblaient plus du tout à leurs ancêtres.

La condamnation irrévocable de la race humaine était évidente. Insensiblement, les sciences avaient disparu avec les savants, les arts avec les artistes, et les derniers êtres humains ne vivaient plus que sur le passé. Les cœurs ne connaissaient plus l’espérance, les esprits ne connaissaient plus l’ambition. La lumière était derrière ; l’avenir tombait dans l’éternelle nuit. Plus rien ! Les gloires d’autrefois étaient pour jamais évanouies. Si quelque voyageur égaré dans les solitudes profondes avait cru, dans les siècles précédents, retrouver la place de Paris, de Rome, ou des brillantes capitales qui leur avaient succédé, il n’y eût eu là qu’une illusion de son imagination, car depuis des millions d’années cette place même n’existait plus, ayant