été balayée par les eaux de la mer. De vagues traditions étaient restées flottantes à travers les âges, grâce à la durée de l’imprimerie et aux copistes des grandes lignes de l’histoire ; mais ces traditions mêmes étaient incertaines et souvent mensongères, car, pour Paris entre autres, les annales des peuples n’avaient gardé quelques traces que d’un Paris maritime, et les milliers d’années de l’existence de Paris capitale de la France n’avaient laissé aucun souvenir. Les noms qui nous semblent ineffaçables de Jésus, de Moïse, de Confucius, de Platon, de Mahomet, d’Alexandre, de César, de Charlemagne, de Napoléon, — de la France, de l’Italie, de la Grèce, de l’Europe, de l’Amérique, n’avaient pas surnagé, étaient annulés. L’art avait conservé de beaux souvenirs, mais ces souvenirs étaient loin de remonter jusqu’aux époques de l’enfance de l’humanité et dataient au plus de quelques millions d’années. On aurait pu croire que la planète avait été habitée par plusieurs races consécutives séparées par des déluges ou même par des créations nouvelles.
Omégar s’était arrêté dans l’antique galerie de tableaux léguée par les siècles antérieurs et contemplait les images des grandes cités disparues. La seule qui se rapportât à l’Europe ancienne montrait une vue de grande capitale consistant en un promontoire avancé dans la mer, couronné par un temple astronomique, animé par des héli-