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DERNIER JOUR

errante, débris d’une race dégénérée, qui venait chercher un refuge contre la mort. Par suite de l’appauvrissement séculaire des conditions de la vie sur la planète, l’humanité qui, pendant plusieurs millions d’années, avait régné en souveraine victorieuse de la nature, ayant atteint l’unité si longuement attendue, et n’ayant désormais formé qu’une seule espèce dans le sein de laquelle toutes les anciennes variétés s’étaient confondues, cette humanité supérieure et homogène avait graduellement perdu sa force et sa grandeur. Les influences locales de climats et de milieux n’avaient pas tardé à s’exercer et à disloquer l’unité acquise, et de nouvelles variétés, de nouvelles races s’étaient formées. C’est à grand’peine que les deux civilisations les plus solides et les plus énergiques avaient résisté et s’étaient maintenues, comme nous l’avons vu, dans les hauteurs de l’ordre intellectuel. Tout le reste de l’humanité avait subi le poids des années et s’était affaibli en se modifiant sous l’action des influences prépondérantes. L’antique loi du progrès avait fait place à une sorte de loi de décadence, la matière avait repris ses droits et l’homme retournait à l’animalité. Mais toutes ces races de la vieillesse du monde, caduques et désagrégées, avaient successivement succombé. Quelques groupes de spectres erraient, seuls dans les ruines du passé.

Omégar essaya d’appliquer ces serviteurs d’un nouveau genre à l’entretien des appareils de chimie