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Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/35

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LA COMÈTE

dant les jours de la pleine lune, la comète parut rester stationnaire et même perdre de son éclat. Comme on s’était attendu à la voir grandir rapidement, on espéra que quelque erreur s’était glissée dans le calcul, et il y eut un temps d’accalmie et de tranquillité. Après la pleine lune, le baromètre baissa tout à coup considérablement : le centre de dépression d’une forte tempête arrivait de l’Atlantique et passait au nord des îles Britanniques. Pendant douze jours le ciel resta entièrement couvert sur l’Europe presque entière.

Le soleil brilla de nouveau dans l’atmosphère purifiée, les nuages se dissipèrent, l’azur du ciel se montra pur et sans mélange, et ce n’est pas sans émotion que l’on attendit ce jour-là le coucher du soleil, d’autant plus que, plusieurs expéditions aériennes ayant réussi à traverser les couches de nuages, les aéronautes assuraient que la comète s’était considérablement développée. Les messages téléphoniques envoyés des montagnes d’Asie et d’Amérique annonçaient d’autre part son arrivée rapide. Mais, ô stupéfaction, lorsque, la nuit tombée, tous les regards étaient levés au ciel pour chercher l’astre flamboyant, ce n’est point une comète qu’ils eurent devant eux, une comète classique comme on a l’habitude de les voir : ce fut une aurore boréale d’un nouveau genre, une sorte d’éventail céleste prodigieux, à sept branches, lançant dans l’espace sept rayons verdâtres paraissant sortir d’un foyer caché au-dessous de l’horizon.