Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/354

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
348
LA FIN DU MONDE

L’humanité terrestre n’a eu, elle aussi, qu’à tourner. Toutes les doctrines philosophiques et religieuses ont été vaines dans la recherche de l’absolu.

« Cependant, la science n’est pas tout à fait illusoire. Nous savons que le monde visible, tangible, perceptible à nos sens, n’existe pas sous les formes mensongères qui nous frappent et n’est que le voile d’un monde réel invisible. Nous savons que l’atome constitutif de la matière est intangible ; que la lumière, la chaleur, le son, n’existent pas plus que la solidité apparente des corps. Nos sens, nos moyens de perception, nous donnent une fausse image de la réalité. C’est quelque chose que de savoir cela, et de savoir aussi que la réalité réside dans le monde invisible, que l’âme est une force psychique indestructible, qui devient personnellement immortelle, c’est-à-dire qui a conscience de son immortalité, du jour où elle vit intellectuellement, où elle est dégagée des lourdeurs matérielles. Sur les milliards d’êtres humains qui ont peuplé la Terre, la proportion des âmes ayant conscience de leur immortalité et gardant le souvenir de leurs existences passées est faible, même sur Jupiter, où elles vivent actuellement. Mais le progrès est la loi de la nature et toutes doivent atteindre un jour cette valeur consciente. C’est la force psychique qui meut le monde. L’univers est un dynamisme. Ce qui est visible pour l’œil du corps est composé d’éléments invisibles. Ce que l’on voit est fait de choses qui ne