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LA FIN DU MONDE

rayonna dans leurs cœurs comme une lumière éclatante et inextinguible. C’était là le vrai et réel soleil. Le soleil terrestre brillait et chauffait toujours. Ils se voyaient vivre longtemps encore. Le système de circulation des eaux et de l’extraction des principes alimentaires fonctionnait sous les efforts des serviteurs acharnés, et la dernière heure ne paraissait pas encore prête à sonner au cadran séculaire des destinées.

Mais un jour, quelque merveilleux qu’il fût, le système s’arrêta. Les eaux souterraines elles-mêmes ne coulèrent plus. Le sol fut gelé jusqu’à une grande profondeur. Les rayons du Soleil échauffaient toujours l’air dans les habitations aux toits de verre, mais aucune plante ne pouvait plus vivre : l’eau manquait.

Tous les efforts combinés de la science et de l’industrie n’avaient pu donner à l’atmosphère terrestre des qualités nutritives, comme en est naturellement douée l’atmosphère de certains mondes, et l’organisme humain réclamait toujours les principes reconstituants que ces efforts avaient obtenus, comme nous l’avons vu, de l’air, des eaux et des plantes. Désormais les sources étaient taries.

La condamnation était prononcée.

Après s’être heurté à tous les obstacles infranchissables et avoir reconnu l’inutilité de la lutte, le dernier couple humain ne se résigna point à attendre la mort. Autrefois, avant qu’ils se con-