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DERNIER JOUR

nussent, l’un et l’autre, séparément, l’attendait sans crainte. Mais maintenant chacun d’eux voulait disputer l’être aimé à l’impitoyable destinée. L’idée seule de voir Omégar gisant inanimé auprès d’elle frappait Eva d’un tel sentiment de douleur qu’elle ne pouvait en supporter l’image. Et lui se désespérait de ne pouvoir enlever sa bien-aimée de ce monde condamné au néant, s’envoler avec elle vers ce brillant Jupiter qui les attendait, et ne point laisser à la Terre ce beau corps adoré.

Il songea que peut-être il existait encore sur le globe quelque région gardant un peu de cette eau bienfaisante sans laquelle la vie s’évanouissait, et, quoique déjà sans forces l’un et l’autre, il prit la résolution suprême de partir à cette recherche. L’aéronef électrique fonctionnait encore. Abandonnant la dernière cité humaine, qui n’était plus qu’un tombeau, les deux derniers descendants de l’humanité disparue oublièrent les régions inhospitalières et partirent à la recherche de quelque oasis inconnue.

Les anciens royaumes du monde passèrent sous leurs pieds. Ils reconnurent les vestiges des derniers foyers illustrés par les splendeurs de la civilisation et qui semaient çà et là des ruines le long de la zone équatoriale. Tout était mort. Omégar revit la vieille cité qu’il avait quittée naguère, mais il savait que là aussi la suprême ressource de vie manquait, et ils n’y descendirent point. Ils parcou-