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DERNIER JOUR

poils, que l’on voyait encore errant sur la terre gelée, trouvaient avec peine dans les anfractuosités une maigre nourriture végétale. On apercevait aussi de temps en temps des espèces de morses et de pingouins marchant sur les glaces, et de grands oiseaux polaires gris voletant gauchement et s’abattant tristement.

Les condamnés ne trouvèrent en aucun point l’oasis cherchée. La Terre était bien morte.

La nuit arrivait. Aucun nuage au ciel. Un courant moins froid, venant du sud, les avait portés au-dessus de l’ancienne Afrique, devenue terre glaciale. Le mécanisme de l’aéronef avait cessé de fonctionner. Le froid, plutôt que la faim encore, les jetait sans force au fond de leur nacelle construite en peaux d’ours polaires.

Ils crurent apercevoir une ruine et mirent pied à terre. C’était une immense base quadrangulaire montrant les vestiges d’assises d’énormes pierres. On pouvait encore reconnaître l’antique pyramide égyptienne. Construction séculaire fondée pour l’éternité, elle avait d’abord survécu au milieu du désert à la disparition de la civilisation qu’elle représentait ; plus tard elle était descendue au-dessous du niveau de la mer avec toute la terre d’Égypte, de Nubie et d’Abyssinie ; ensuite elle était remontée à la lumière et avait été luxueusement restaurée au sein d’une nouvelle capitale et d’une nouvelle civilisation plus éclatante que les splendeurs de Thèbes et de Memphis ; puis enfin