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Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/37

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LA COMÈTE

de 1861, avec sa queue en éventail, offrait un autre exemple de ce genre de visiteurs célestes, et l’on rapportait aussi que, le 30 juin de cette année-là, il y avait eu rencontre, bien inoffensive d’ailleurs, entre la Terre et l’extrémité de la queue. Mais, lors même qu’on n’en eût jamais vu auparavant, il fallait bien se rendre à l’évidence.

Sur ces entrefaites, les discussions allaient leur train, et une véritable joute astronomique s’était établie entre les revues scientifiques du monde entier, seuls journaux qui eussent, comme nous l’avons vu, gardé quelque crédit dans l’épidémie mercantile qui avait depuis longtemps envahi l’humanité. Le point capital, depuis qu’on savait à n’en pas pouvoir douter que l’astre marchait directement vers la Terre, était la distance à laquelle il se trouvait chaque jour, question corrélative de celle de sa vitesse. La jeune lauréate de l’Institut, nommée tout récemment chéfesse du bureau des Calculs de l’Observatoire, ne laissait plus passer un seul jour sans envoyer une note au Journal officiel des États-Unis d’Europe.

Une relation mathématique bien simple relie la vitesse de toute comète à sa distance au Soleil, et réciproquement. Connaissant l’une, on peut trouver l’autre en un instant. En effet, la vitesse d’une comète est tout simplement égale à la vitesse d’une planète, multipliée par la racine carrée de 2. Or la vitesse d’une planète, à quelque distance que ce soit, est réglée par la troisième loi de Kepler, en