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APRÈS LA FIN DU MONDE

même quantité de matière et de mouvement demeure, sous d’autres formes. Matière et forces se transforment, mais la même quantité de masse et de puissance subsiste. Les êtres vivants nous donnent cet exemple perpétuel : ils naissent, grandissent en s’agrégeant des substances puisées dans le monde extérieur et, lorsqu’ils meurent, se désagrègent et rendent à la nature tous les éléments dont leur corps avait été formé. Une loi permanente reconstitue perpétuellement d’autres corps avec ces mêmes éléments. Tout astre est comparable à un être organisé, même au point de vue de sa chaleur intérieure. Un corps reste vivant tant que les diverses énergies de ses organes fonctionnent par suite des mouvements de la respiration et de la circulation. Lorsque l’équilibre et le repos arrivent, la mort en est la conséquence ; mais, après la mort, toutes les substances dont le corps a été formé vont reconstituer d’autres êtres. La dissolution est le prélude d’un renouvellement et de la formation d’êtres nouveaux. L’analogie nous porte à croire qu’il en est de même dans le système cosmique. Rien ne peut être détruit. Ce qui subsiste, invariable en quantité, mais toujours changeant de forme sous les apparences sensibles que l’univers nous présente, c’est une Puissance incommensurable que nous sommes obligés de reconnaître comme sans limite dans l’espace et sans commencement ni fin dans le temps.

Voilà pourquoi il y aura toujours des soleils et