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APRÈS LA FIN DU MONDE

deux boulets formidables créèrent tout d’un coup par ce choc prodigieux un feu céleste immense, une vaste nébuleuse gazeuse, qui oscilla d’abord comme une flamme folle, et s’envola ensuite vers des cieux inconnus. Sa température était de plusieurs millions de degrés. Tout ce qui avait été terre, eaux, air, minéraux, plantes, hommes ici-bas, tout ce qui avait été chair, regards, cœurs palpitants d’amour, beautés séductrices, cerveaux pensants, mains tenant le glaive, vainqueurs ou vaincus, bourreaux ou victimes, atomes et âmes inférieures non dégagées de la matière, tout était devenu feu. Et ainsi des mondes de Mars, Vénus, Jupiter, Saturne et leurs frères. C’était la résurrection de la nature visible, tandis que les âmes supérieures qui avaient acquis l’immortalité continuaient de vivre sans fin dans les hiérarchies de l’univers psychique invisible. La conscience de tous les êtres humains qui avaient vécu sur la Terre s’était élevée dans l’idéal ; les êtres avaient progressé par leurs transmigrations à travers les mondes, et tous revivaient en Dieu, dégagés des lourdeurs de la matière, planant dans la lumière éternelle, progressant toujours. L’univers apparent, le monde visible est le creuset dans lequel s’élabore incessamment l’univers psychique, le seul réel et définitif.

L’effroyable choc des deux soleils éteints créa une immense nébuleuse gazeuse, qui absorba tous les anciens mondes, transformés en vapeur, et qui,