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Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/81

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LA SÉANCE DE L’INSTITUT

dement diminué — ou empoisonnés par l’oxyde de carbone ; l’incendie ne ferait ensuite qu’incinérer leurs cadavres, tandis que les Européens et les Africains auraient été brûlés vifs.

« J’ai pris, comme exemple, la comète historique de 1811 ; mais je me hâte d’ajouter, en terminant, que la comète actuelle parait incomparablement moins dense. Et vous avez pu voir que j’ai traité le problème d’une façon assez désintéressée, persuadé que, si nous sommes victimes d’un choc, nous n’en mourrons pas ».

— Est-on bien sûr, s’écria d’une loge une voix connue (c’était celle d’un membre illustre de l’Académie des chirurgiens), est-on bien sûr que la comète soit essentiellement composée d’oxyde de carbone ? Les observations spectroscopiques n’y ont-elles pas rencontré aussi les raies de l’azote ? Si c’était du protoxyde d’azote, le résultat du mélange de l’atmosphère cométaire avec la nôtre pourrait être l’anesthésie des Terriens. Tout le monde s’endormirait, peut-être pour ne plus se réveiller, si la suspension des fonctions vitales durait seulement un peu plus longtemps que dans nos opérations chirurgicales. Il en serait de même si la comète était composée de chloroforme ou d’éther. Ce serait là une fin assez calme.

« Elle le serait moins, ajouta-t-il, si la comète absorbait l’azote au lieu de l’oxygène, car cette extraction graduelle ou totale de l’azote amènerait