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Page:Flammarion - La Fin du monde, 1894.djvu/82

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LA FIN DU MONDE

en quelques heures chez tous les habitants de la Terre, hommes, femmes, enfants, vieillards, un changement d’humeur qui n’aurait rien de désagréable : d’abord, une sérénité charmante, ensuite une gaieté contagieuse, puis une joie universelle, une expansion bruyante — une exaltation fébrile — enfin le délire, la folie, et, selon toute probabilité, une danse fantastique aboutissant à la mort nerveuse de tous les êtres, dans l’apothéose d’une sarabande insensée et d’une surexcitation inouïe de tous les sens. Tout le monde éclaterait de rire… Serait-ce une fin tragique ?…

— La discussion reste ouverte, répliqua le Secrétaire perpétuel ; ce que j’ai dit des conséquences incendiaires possibles de la rencontre s’appliquerait à un choc direct d’une comète analogue à celle de 1811 ; celle qui nous menace est moins colossale, et son choc ne sera pas direct, mais oblique. Comme les astronomes qui m’ont précédé à cette tribune, je croirais plutôt, dans le cas actuel, à un simple feu d’artifice.

« J’ajouterai que des phénomènes chimiques bien inattendus pourraient se produire. Ainsi, par exemple, personne n’ignore ici que l’eau et le feu se ressemblent : de l’hydrogène qui brûle par sa combinaison avec l’oxygène, ou de l’hydrogène combiné avec de l’oxygène, c’est fort voisin. L’eau des mers, des lacs, des fleuves est formée de deux volumes d’hydrogène combinés avec un d’oxygène. À l’origine de notre planète, cette eau était du feu.