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OBSERVATOIRE LOWELL. EAUX ET VÉGÉTATION.

de Flagstaff. Nous en avons déjà dit un mot plus haut (p. 111-112), et M. Pickering les avait déjà signalés en 1892, à Aréquipa (voir p. 62). Nous y reviendrons plus loin.

Les canaux de Mars présentent pour l’observateur un phénomène aussi étrange qu’antiterrestre. Mieux on les voit et plus ils étonnent.

Par une atmosphère calme et transparente, on est frappé par trois caractères vraiment extraordinaires :

1oLa direction singulièrement droite des lignes ;

2oLeur largeur uniforme ;

3oLeur rayonnement de certains points spéciaux.

Ces trois caractères éliminent plusieurs hypothèses explicatives. « Ces lignes ne sont pas des fleuves, car les fleuves n’ont pas la même largeur de leur source à leur embouchure et ne suivent pas des lignes droites. Ce ne sont pas non plus des crevasses, soit dans la surface du sol, soit dans des champs de glace, et ce ne sont pas non plus des illusions d’optique, car elles ne présentent aucune altération dépendant des diverses parties du disque, excepté celle qui est produite par le raccourcissement des perspectives à la surface d’un globe.

« Si ces lignes ne paraissent pas naturelles, leurs rencontres si nombreuses en certains points spéciaux de rendez-vous le paraît encore moins. »

Mais ce qu’il y a de plus curieux encore, c’est peut-être leurs aspects successifs. Les changements de la surface de la planète, d’une nuit à l’autre, d’un mois à l’autre, se retrouvent dans les plus petits détails des canaux.

À certaines époques, les canaux sont invisibles, et cette invisibilité est réelle, ne dépend pas de notre vision. Ils sont alors absents. La distance n’est pas cause de cette invisibilité. Ce n’est pas toujours lorsque la planète est le plus proche de nous qu’on les distingue le mieux.

Leur visibilité respective varie également. Ainsi, à la fin du mois d’août 1894 et au commencement de septembre, les canaux environnant le lac du Soleil étaient très évidents, tandis que ceux qui sont au Nord étaient presque invisibles. En novembre, c’était le contraire, les canaux du Nord étaient bien marqués. Il en a été de même des canaux au nord du golfe des Titans.

Quant à l’effet de la distance, les canaux à l’est du Gange étaient plus accentués en novembre qu’en octobre, quoique la planète fût alors plus éloignée de nous dans la proportion de 21 à 18.

C’est ce que M. Schiaparelli avait déjà remarqué.

M. Lowell explique leurs changements de place apparents, en disant que les variations dues aux saisons peuvent non seulement affecter la visibilité d’un canal à un moment donné, mais aussi produire l’effet d’un changement de place apparent, par suite de la visibilité d’une ligne et de l’invisibilité d’une autre. L’Araxe nous en offre un exemple. Sur la carte de Schiaparelli, il n’y a qu’un