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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/152

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CAMPBELL. LE SPECTRE DE MARS.

au centre du disque) avec les intensités des extrémités des mêmes lignes (correspondant au limbe).

3o L’altitude de l’Observatoire, qui élimine du problème l’effet absorbant des 1 250 mètres inférieurs de notre atmosphère, avec toutes ses impuretés. La plupart des anciennes observations ont été faites vers le niveau de la mer.

4o La prépondérance d’un air estival très sec. L’humidité relative moyenne est très basse au mont Hamilton pendant les mois de juillet et août. En plusieurs années, elle est inférieure à 35 pour 100. Il n’y a pas de difficulté de choisir des nuits pour l’observation du spectre de Mars, lorsque notre humidité relative est souvent inférieure à 20. C’est là un facteur important, attendu qu’il est indispensable pour nos recherches sur la vapeur d’eau dans l’atmosphère de Mars, d’éliminer, autant que possible, ainsi que l’a fait remarquer Janssen en 1867 l’effet de la vapeur d’eau dans notre propre atmosphère. Les observateurs ne paraissent pas avoir pris ce facteur en considération. En examinant les données contemporaines de l’état du temps, je trouve que plusieurs des observations ont été faites par une humidité relative de 80, 85, ou même 90.

5o La situation méridionale de l’Observatoire et la déclinaison boréale de Mars ont permis de faire des observations par une altitude de la planète de 59°. À une hauteur de 59°, la lumière venant de Mars passe par une épaisseur atmosphérique 1,17 fois plus grande seulement qu’au zénith. Les plus importantes des observations publiées ont été faites lorsque la hauteur de la planète était de 21° à 26°. Ces hauteurs équivalent à des épaisseurs atmosphériques respectives de 2,75 et 2,28 fois plus grandes que si la planète eût été au zénith ! Tandis que les observateurs cherchaient à éliminer l’effet de notre atmosphère et de sa vapeur aqueuse en observant le spectre de la Lune, à des hauteurs égales, il doit être évident que le spectre de Mars a été observé dans des conditions extrêmement désavantageuses. Ainsi une observation a été faite lorsque l’altitude de Mars était seulement de 24°, avec une humidité relative de 85. Les effets de toute atmosphère martienne possible seraient certainement noyés dans l’effet énorme de la grande épaisseur de notre atmosphère à travers laquelle les observations ont été faites, atmosphère presque saturée d’humidité.

6o Enfin, nous pouvons dire que nos connaissances du spectre de notre propre atmosphère ont été largement accrues dans ces dernières années. Les excellentes cartes de Thollon, par exemple, sont très utiles pour l’élucidation du problème.

En raison de toutes ces circonstances favorables, je m’attendais à une confirmation évidente des résultats précédents.

Voici les éléments qui entrent dans ce problème.

Nous savons par l’observation que l’hémisphère de Mars tourné vers le Soleil est brillant, et que l’hémisphère opposé au Soleil est sombre. La planète brille donc par la lumière solaire réfléchie. Le spectre de Mars doit être identique à celui du Soleil, excepté les modifications qui peuvent provenir de l’atmosphère supposée de la planète.