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LA PLANÈTE MARS.

théorique que j’ai donnée, qu’il me serait inutile d’ajouter de nouveaux commentaires sur les faits les plus saillants, bien que je puisse noter quelques détails suggestifs sur certains phénomènes de moindre importance.

Si je suis dans le vrai, nous pouvons affirmer qu’aux périodes des équinoxes de printemps et d’automne la rosée congelée commencera à tomber, dans les régions équatoriales de Mars, vers 4h 20m de l’après-midi, et que la surface du sol commencera à dégeler vers 7h 40m du soir.

J’ai dit que la chute périodique du cône de glace polaire serait le plus sensible à l’observateur terrestre par les étendues irrégulières du cercle polaire blanc causé par les débris d’avalanches, qui seraient ainsi précipitées au delà d’une partie de ses limites normales. De pareilles extensions ont été observées par M. Phillips, et elles paraissent l’avoir intrigué tellement qu’il a été amené à les considérer comme des illusions d’optique. « Des surfaces neigeuses, dit-il, à peine moins définies, mais beaucoup plus étendues, ont été observées dans certaines parties de l’hémisphère nord, non pas entourant immédiatement le pôle (qui était invisible), mais rangées en deux traînées principales et séparées, estimées arrivant jusqu’à 40° ou 50° du pôle. Une fois (le 30 novembre) deux observateurs expérimentés ont remarqué avec moi une de ces masses neigeuses claires, qui était tellement distincte et brillante qu’elle semblait, comme la calotte polaire sud en 1862, se projeter au delà du contour circulaire : effet optique dû assurément à l’irradiation brillante. Cette masse blanche s’étendait jusqu’à environ 40 ou 45° du pôle, suivant le méridien de 30° du globe de Mars. Une autre masse a été notée du 14 au 18 novembre, vers 225° de longitude, et s’étendant jusqu’à 50° de latitude. Dans les deux cas, les masses atteignaient le limbe visible[1]. » J’ai souligné les observations concernant la projection apparente au delà du contour circulaire, observée dans ces deux cas. M. Phillips attribue cet aspect à l’irradiation ; mais, si je ne me trompe, il peut être dû à l’entassement des matériaux des avalanches provenant de la chute du cône polaire de glace.

Avant d’abandonner cette partie du sujet, je dois hasarder une conception plutôt risquée à propos des grandes différences des mesures de l’aplatissement polaire de Mars[2].

La conception à laquelle je fais allusion est que la chute de quelques milles du cône de neige polaire peut produire une variation sensible dans le diamètre polaire de Mars. Je ne suppose pas que cela puisse s’accomplir sur une échelle assez grande pour rendre compte de variations si extrêmes, telles que celles de Schrœter et de Kaiser : mais, en comparant les diverses mesures faites par le même observateur, avec le même instrument, à diverses époques, les divergences des mesures d’Arago (qui me paraissent les plus remarquables) rentrent tout à fait dans le cadre d’une semblable explication. La différence totale entre

  1. Voir Tome I, p. 189.
  2. Voir Tome I, p. 504.