Aller au contenu

Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/215

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
208
LA PLANÈTE MARS.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

la mer des Sirènes, le lac du Soleil et le bras de mer reliant la Corne d’Ammon à la calotte polaire. Il y a, dans ce dernier cas aussi, me semble-t-il, une preuve de variation. Les mers Cimmérienne et Tyrrhénienne ont paru moins sombres que d’habitude. Il en a été de même du golfe des Perles, toujours mal défini à la dernière opposition, ainsi que la mer Chronium, à peine plus foncée que les terres avoisinantes. Enfin la mer Australe n’était qu’un vaste estompage légèrement grisâtre.

Dans ses grandes lignes, notre Carte n’est qu’une nouvelle confirmation de celles de Schiaparelli. Il y a cependant un point en désaccord : l’aspect du golfe Aonius, dans le voisinage du lac du Soleil.

Cette région paraît variable, car elle a été représentée de différentes manières à diverses reprises. Ainsi, tandis que ce golfe est à peine indiqué sur la carte de Beer et Mädler (1840), et sur les dessins de Lockyer, en 1862, Kaiser en 1864 et Dreyer en 1877[1], MM. Paul et Prosper Henry, Green, Schiaparelli et moi avons dessiné le même golfe, en 1877 et 1879, comme une baie pénétrant profondément dans les terres[2].

En 1894, depuis le commencement des observations jusqu’à la fin de septembre, nous ne sommes jamais parvenus à voir distinctement le golfe Aonius. Le 27 septembre, nous constations que cette région était presque invisible, ce que nous avons cherché à expliquer par la présence de nuages couvrant cette région de la planète. Enfin, le 1er novembre, par des images splendides, la forme même du littoral était changée, et le golfe Aonius était remplacé par une terre en forme d’éventail.

Les terres de Phaethontis, Electris, Eridania, et les îles de Thulé I et Thulé II, Noachis et Ogygis Regio ont été vues avec des contours très vagues. Parfois, Ogygis Regio, Argyre et Noachis apparaissaient comme une seule terre. D’autre part, Novissima Thulé, Argyre II, Yaonis et Protei Regiones avec l’Aurea Cherso, nous ont tout à fait échappé.

Il y a des régions claires dont l’éclat augmente en raison directe de leur rapprochement du limbe : par exemple, en première ligne, Argyre, dont l’éclatante blancheur rivalisait très souvent avec la calotte polaire elle-même, surtout lorsque cette île se levait au bord oriental de la planète. Les terres de Phaethontis, Electris, Eridania et Zéphyria, ainsi que la grande île d’Hellas, augmentaient aussi d’éclat, mais à un degré bien moindre, dans le voisinage, soit du limbe, soit du terminateur.

  1. La planète Mars t. I, p. 107, 162, 174, 177, 181 et 270. Le dessin de Kaiser, du 10 décembre 1864 (fig. 114, p. 177), offre la plus grande analogie avec les aspects observés à Juvisy en octobre et novembre 1894.
  2. Ibid., p. 253, 255, 274, 275, 292, 295, 305, 333 et 334.